Bêtise

Il était une fois un petit garçon blond aux yeux noisette. Turbulent, il collectionnait les griffes, les bosses et les bêtises et ce, depuis toujours.
Antoine était son nom.
 
Doté d’une imagination hors pair, il ne ratait jamais une occasion de se faire remarquer, tant à la maison qu’en classe ou en rue. C’est la raison pour laquelle, tous les soirs, sa maman le sermonnait en espérant que la nuit ferait des conseils entendus une réalité.
Chaque jour avait son programme:
LUNDI, tu rentreras directement de l’école, sans traîner en chemin.
MARDI, tu éviteras de te bagarrer avec tes copains.
MERCREDI, tu passeras sagement l’après-midi chez mamy sans la mettre en colère.
JEUDI, tu ne t’éloigneras pas du prof de gym à la piscine, tu ne sais pas encore nager.
VENDREDI, tu n’oublieras pas de reprendre tes leçons à réviser pendant le week-end.
SAMEDI, tu ne quitteras pas la plaine de jeux sans autorisation.
DIMANCHE, tu nous laisseras dormir une heure de plus, la télévision est à toi tout seul.
Antoine entendait chaque semaine les mêmes recommandations pourtant, depuis la rentrée des classes il y avait à peine deux mois, il avait accumulé plus de catastrophes qu’il n’y avait de jours barrés sur le calendrier de sa maman.
Ainsi, un mercredi, sa mamy le découvrit en train de réchauffer les poissons rouges au bain-marie, prétextant qu’ils avaient froid. Il improvisa également un petit-déjeuner pour ses parents qui leur coûta cher car il confondit grille-pain et percolateur. Le grille-pain ne supporta pas l’eau du café !
Antoine était donc l’enfant casse-cou plus rapide que l’éclair et plus imaginatif que n’importe quel artiste célèbre.
 
Ce samedi-là, il prit le chemin de la plaine de jeux avec, au fond du coeur, les paroles de sa maman et de bonnes résolutions. Dans un premier temps, tout se passa bien. Il retrouva ses petits camarades mais très vite l’ennui l’envahit.
« Tu ne quitteras pas la plaine de jeux sans autorisation – Ne suis jamais un inconnu – Ne parle pas aux personnes étrangères au quartier ». Armé de ces paroles magiques, qu’il se répétait sans cesse et certain d’être protégé d’une armure contre toute épreuve, Antoine s’aventura dans la jungle du parc public. Qu’il était donc agréable de courir libre parmi les allées sinueuses, de faire peur aux pigeons, de surprendre les amoureux, de faire des ricochets dans l’étang tout proche. Mais là aussi, l’ennui envahit rapidement Antoine qui décida de retourner auprès de ses copains restés dans le bac à sable ou auprès du toboggan de bois. Revenant sur ses pas, il se trouva face à plusieurs chemins. Diable, lequel choisir? Celui de gauche? Celui de droite? Remonter en arrière de ce gros chêne ou contourner ce saule pleureur à moitié mort.
Antoine les essaya tous, en vain. A chaque tentative, il se retrouva au carrefour de l’étang, la peur au ventre car le soir commençait à donner au décor qui l’entourait des allures diaboliques.
Désespéré, le petit garçon s’assit sur le sol, le dos contre un platane sympathique, la tête entre les bras. Pour la première fois de sa vie, il se mit à pleurer de peur. Il pensa à sa maman, persuadé qu’il ne la reverrait plus car, une fois de plus, il avait désobéi. Il entendit des crissements suspects, il vit des ombres étranges, il sentit des présences: le parc prenait des allures maléfiques qui le saisissaient des sentiments les plus horribles.
 
Soudain, il poussa un hurlement horrible: une main venait de se poser sur son épaule. Une voix se détacha du silence. Antoine ferma les yeux, certain qu’il allait mourir. 
Une caresse familière sur la joue le ramena rapidement à la raison: il avait reconnu sa maman. Il lui sauta au cou et jura qu’on ne l’y prendrait plus: désormais, il suivrait les conseils du soir.

9 réponses sur « Bêtise »

  1. belle fin quand même …oufffff.
    Mais ca me fais penser que je devrais p’être écouter les conseils de ma maman avant que je ne retrouve plus mon chemin ….. bisous bonne soirée

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  2. qu’est du matin maintenant
    car tout à changé
    les mamans sont au boulot
    et les enfants
    continuent à être seuls dans le noir …

    et toutes tes aventures sont tellement trop belles qu’une de ces prochaines nuits, je les prendrai à bras le corps et

    de fées en sorcières ferai dégringoler les petits personnages
    dans le monde le plus horrible que l’on puisse imaginer

    la réalité.

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  3. Merci de ta visite sur mon blog. Merci pour tes mots…

    « le dos contre un platane sympathique… » J’avais 10 ans, j’étais en internat. Le soir, je dormais dans un grand dortoir aux larges fenêtres sans rideaux et je me sentais triste, loin de ma famille…alors, un platane heurtait doucement, de ses branches, la fenêtre près de mon lit, comme s’il voulait me dire : »je suis là, ne sois plus triste » , sur le plafond éclairé par Dame la lune, il racontait des histoires avec ses mots-dessins…et je m’endormais le sourire aux lèvres, le coeur en paix…

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  4. Je suis nouvelle sur les blogs.

    Votre post raconte une belle histoire: chacun expérimente la vie. L’enfant apprend l’indépendance, la mère apprend le partir…Cela ne se fait pas sans déchirement mais c’est la vie…

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